Electricité : face aux soucis de Lagdo, Eneo muscle le solaire à Maroua et Guider

Le projet d’extension entièrement préfinancé par Release, le partenaire de l’électricien, va apporter 30 MW de capacités installées supplémentaires au Grand-Nord, confronté à une croissance de la demande et les difficultés techniques de son principal ouvrage de production.

Le ministre de l’Eau et de l’énergie, Gaston Eloundou Essomba, a procédé le 15 septembre 2025, à Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord, au lancement des travaux d’extension des centrales solaires de Maroua et de Guider (région du Nord), baptisés Maroua II et Guider II.

En rappel, les centrales solaires Maroua I et Guider I, en exploitation depuis septembre 2023, disposent de 18 MW et 9,5 MWh de stockage par batteries chacune, soit 36 MW de capacités de production installées et 19 MWh de stockage.

Maroua II, 19,8 MW de capacités installées et 19,2 MWh de stockage par batteries et Guider II, 8,8 MW de capacités installées, vont apporter au total 28,6 MW de capacités et 19,2 MWh de stockage supplémentaires, pour une production annuelle d’énergie attendue de 62,8 GWh selon le directeur général de Eneo, Ammine Homman Ludiye.

Leur structuration devrait durer douze mois pour des débuts d’injections prévus en septembre 2026.

Le projet est développé par Release, un opérateur privé spécialisé dans les énergies renouvelables, qui propose des solutions solaires photovoltaïques et de stockage par batteries modulaires. Release finance, conçoit, construit, et livre la centrale solaire clé en main à Eneo, qui en assure l’exploitation et la maintenance, avec des techniciens formés par Release. «De notre côté, nous garantissons les performances et assurons la surveillance, le support technique et l’assistance à distance», explique Benjamin Lagadec, directeur de projet de Release.

418 000 habitants du Septentrion

Grâce à Maroua I et Guider I, «entre 2023 et 2025, plus de 38 000 nouveaux ménages ont été raccordés au réseau électrique, impactant directement plus de 418 000 habitants du Septentrion» selon Ammine Homman Ludiye. «Nous avons construit de nouvelles agences urbaines et rurales, et digitalisé plusieurs services comme les demandes de branchement, le paiement des factures, entre autres, pour faciliter la vie aux clients. Sur le plan technique, nous avons changé des dizaines de transformateurs en défaut, et remplacé des milliers de poteaux béton par ceux en béton ou métalliques. Nous avons renforcé le réseau de distribution, créé de nouveaux postes et entretenu plus de 3000 kilomètres de lignes électriques» poursuit, énumératif, le Dg de Eneo.

Qui ajoute : «Ces efforts ne sont pas que des statistiques : ils signifient moins de coupures, en dehors de périodes de baisse d’hydrologie à Lagdo ; ils signifient une meilleure qualité de courant, et donc un meilleur confort pour les familles et plus de compétitivité pour les industries».

Guider II et Maroua II permettront donc de consolider ces acquis, d’étendre, de stabiliser et de fiabiliser le service de l’électricité dans les trois régions septentrionales du pays.

Elles vont surtout apporter environ 30 MW de capacités additionnelles au Réseau interconnecté Nord (RIN), soutenu par une capacité installée d’environ 173 MW selon le pointage réalisé en juillet 2025 par Eneo. En 2015, ces capacités installées étaient de 76 MW, soit une progression de près de 128% en dix ans selon Eneo.

Le Grand-Nord se retrouvera ainsi, en septembre 2026, avec près de 66 MW de puissance installée dans le solaire, 72 MW dans le thermique et autant dans l’hydroélectricité avec le barrage de Lagdo, dont les performances sont de plus en plus contrariées par une hydrologie défavorable.

Renforcement et diversification du RIN

Selon Eneo, la puissance installée de Lagdo est restée constante à 72 MW «chaque année depuis 2015». «Durant plusieurs années, la centrale hydroélectrique de Lagdo a été la principale source d’alimentation du Réseau Interconnecté Nord. Les aléas climatiques et la variabilité hydrologique ont fragilisé cette dépendance», expliquait Ammine Homman Ludiye.

Une manière sobre de reconnaître les sérieux soucis de disponibilité régulatoire auxquels l’ouvrage fait face du fait de la variabilité climatique, qui contraignent sa production (228,6 GWh en 2022, 397,9 GWh en 2023 selon Eneo), et qui ont justifié la mise en œuvre, dès 2016, d’un plan de renforcement et de diversification de l’offre énergétique dans le tout le RIN, dont ces centrales solaires font partie.

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