Changements climatiques : le FMI accorde 111 milliards Fcfa au Cameroun

Ces ressources, qui seront servies au pays sur une période de 18 mois à un taux d’intérêt autour de 4,5%, serviront à financer l’atténuation des émissions des gaz à effet de serre, de même que l’adaptation aux conséquences de ces émissions.

Selon un communiqué du Fonds monétaire international (FMI) parvenu à la rédaction de «Enjeux Economiques», le conseil d’administration de l’institution financière internationale a approuvé, en faveur du Cameroun, un accord au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FDR), permettant ainsi à Yaoundé, de bénéficier lui-aussi des ressources de son Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (Fonds fiduciaire RD). Le programme qui s’exécutera sur 18 mois, permettra au Cameroun de bénéficier d’un financement d’un montant global de 138 millions de DTS (Droits de Tirages Spéciaux, qui sont des actifs de réserve internationaux émis par le FMI), soit 183,4 millions USD, soit encore 111, 03 milliards Fcfa. Ce qui représente 50% de la quote-part du Cameroun.

Selon le FMI, le Fonds fiduciaire RD a pour but de fournir aux Etats éligibles, «un financement à long terme visant à renforcer la résilience et la durabilité économiques en soutenant les réformes qui réduisent les risques liés au changement climatique et aux pandémies ayant des incidences majeures sur le plan macroéconomique et en augmentant la marge de manœuvre de l’action publique et les réserves financières pour atténuer les risques découlant de ces difficultés structurelles à plus long terme».

Pour motiver sa décision, le FMI écrit dans son communiqué que «le Cameroun est un pays extrêmement vulnérable aux changements climatiques qui fait face à des risques récurrents de sécheresses, d’inondations, de glissements de terrain et d’érosion côtière. La FRD aidera le Cameroun à s’adapter et à atténuer les effets des changements climatiques, en se substituant à des financements plus onéreux». «Elle contribuera à remédier aux facteurs de vulnérabilité face aux changements climatiques en aidant les autorités à renforcer le cadre institutionnel du pays en matière de gouvernance et de coordination des politiques liées aux changements climatiques, à intégrer l’action climatique dans la gestion des finances publiques, à renforcer les politiques nationales d’adaptation et à intensifier les initiatives d’atténuation des changements climatiques» poursuit l’institution financière internationale.

Service minimum

Mais à y regarder de près, à travers cet accord de financement, le conseil d’administration a décidé de réserver au Cameroun, son service minimum sur ce guichet.

Car selon le FMI, le plafond global d’accès cumulé aux ressources de ce véhicule financier a été fixé à 150 % de la quote-part des pays bénéficiaires, ou à 1 milliard de DTS, «le plus faible des deux montants étant retenu». De plus, souligne le FMI, «l’accès [à ce Fonds, ndlr] est déterminé à partir d’une norme d’accès de 75 % de la quote-part». Service minimum aussi sur la durée du programme avec le Cameroun, 18 mois, arrêtée par l’institution financière internationale comme durée minimum d’accompagnement des pays bénéficiaires des ressources de ce véhicule financier.

En fait, et conformément aux règles de mobilisation des ressources du Fonds fiduciaire RD, l’accord FRD en faveur du Cameroun coïncide avec les 18 mois restants pour les accords au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (Medc) approuvés en juillet 2021 et prolongés en décembre 2023 pour soutenir le programme de réformes économiques et financières du pays.

Un service minimum donc, mais une bouffée d’oxygène pour le trésor public camerounais, qui dispose ainsi de ressources peu coûteuses, et dont l’amortissement se fera sur une longue période, les prêts du Fonds fiduciaire RD étant en général remboursables sur une période de 20 ans, assortie d’une période de grâce de 10,5 ans durant laquelle aucun remboursement de principal n’est exigé. Quant au taux d’intérêt, il sera, selon le FMI, «légèrement supérieur au taux du DTS à trois mois». Le taux d’intérêt du DTS, qui sert de base au calcul du taux d’intérêt appliqué et payé aux pays membres, est fixé chaque semaine, sur la base de la moyenne pondérée des taux d’intérêt des titres de dette à trois mois émis sur le marché monétaire des pays dont la monnaie entre dans la composition du DTS. Et il peut varier fortement d’une période à l’autre. En janvier 2021, alors que les pays du monde entier étaient confrontés à la crise sanitaire liée à la Covid-19 et qu’ils préparaient la réouverture de leurs économies, le taux d’intérêt du DTS à trois mois était fixé à 0,05%. En octobre 2023 (dernier pointage public du FMI), il s’était redressé à 4,1%.

En l’absence de plus amples précisions sur la structure de ce financement, il est donc logiquement envisageable que le taux d’intérêt appliqué par le FMI dans le cadre de ce prêt au Cameroun soit de l’ordre de 4,5%.

Financements innovants

Quant aux décaissements, ils débuteront, selon le FMI, «à l’issue de l’achèvement de la première revue de l’accord».

Pour le ministère des Finances camerounais, la conclusion de ce nouvel accord de financement avec le FMI constitue une étape majeure de son option vers des financements innovants, et notamment vers la finance climatique. C’est la mission que le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, avait assignée à l’ensemble des acteurs de la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2024, lors du lancement, à Yaoundé, du séminaire y relatif le 13 juillet 2023.

«C’est donc à juste titre que notre pays gagnerait à tirer profit des opportunités qu’offre le dernier sommet organisé à Paris sur le nouveau pacte financier mondial. Il s’agit de renforcer les investissements productifs internes, à travers des projets et programmes remplissant toutes les conditions d’accès aux financements innovants proposés dans ce nouveau cadre de développement et de promotion de la sauvegarde climatique. Nous devons alors préparer un budget 2024 qui permet de progresser vers ces nouveaux financements», martelait alors le ministre.

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