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Connectivité: porté par la 5G, l’Internet mobile continue sa progression

Ceci notamment grâce aux importants investissements réalisés par les opérateurs, mais aussi à une adoption croissance de cette technologie.

Ceci notamment grâce aux importants investissements réalisés par les opérateurs, mais aussi à une adoption croissance de cette technologie.

Par Ismaël Yaya

©GSMA – Des performances mondiales en nette progression sur presque tous les indicateurs

Selon la GSMA (Global System for Mobile Communications), la plus puissante organisation professionnelle de l’industrie mondiale des communications mobiles qui défend les intérêts des opérateurs mondiaux du secteur (et donc l’une des sources les plus réputées de cette industrie), les connexions à l’Internet mobile (y compris les cellulaires de l’Internet des Objets) ont crû, au premier trimestre finissant de 2022, de 6,41% en glissement annuel, c’est-à-dire en comparaison avec les performances du premier trimestre de l’année 2021. Même tendance haussière pour les souscriptions à des connexions uniques. Au moment où ces lignes sont écrites, au petit matin du 29 mars 2022, plus de 5,31 milliards de souscriptions uniques à l’Internet mobile sont enregistrées dans le monde, au tableau de la GSMA.

Dans son rapport 2022 sur l’état de l’industrie mondiale des communications mobiles, la GSMA explique qu’à mesure que les barrières à la mobilité des personnes à travers et à l’intérieur des pays décidées pour freiner la propagation du Coronavirus tombent, et que les activités économiques et sociales reprennent dans le monde, la connectivité mobile va continuer de jouer un rôle de plus en plus important. Porté par des réseaux de plus en plus performants, résilients et rapides, le numérique va continuer de s’universaliser dans le monde, assure en substance la GSMA.

Preuve que le mouvement est déjà à l’œuvre, 4,2 milliards de personnes dans le monde auraient déjà souscrit à un abonnement à l’internet mobile selon le pointage de fin 2021 de la GSMA.

Investissements massifs

Selon la GSMA, ce sont les investissements massifs consentis par les opérateurs de l’industrie mondiale de l’internet mobile durant la dernière décennie qui ont permis d’atteindre de tels résultats, mais surtout, de porter le déficit de couverture (la proportion de personnes qui n’ont pas accès à un réseau internet mobile haut débit) de 1/3 de la population mondiale à seulement 6%. Et ces opérateurs en tirent aujourd’hui, à d’importants revenus, tous les bénéfices.

©GSMA – Les bons résultats des opérateurs devraient conduire à de nouveaux investissements

Seul bémol, relève la GSMA, les taux d’adoption (le nombre de personnes non connectées mais qui vivent dans les zones couvertes par un réseau de l’Internet mobile) ont été en deçà des espérances des opérateurs qui ont ainsi massivement investi. Le gap d’usage, qui mesure ce taux d’adoption, est resté élevé à 3,2 milliards de personnes à travers le monde en 2021, soit 41% de la population mondiale.

La tendance haussière de l’industrie mondiale de l’Internet mobile, à l’œuvre depuis quelques années, a aussi été cartographiée par d’autres sources de données réputées.

Selon la dernière édition de l’ «Ericsson Mobility Report» par exemple, les connexions mobiles à l’Internet mondial, hors Internet des objets, a continué de croître à travers le monde en 2021. Cette industrie fait même partie, à l’analyse des données, des grands gagnants de la pandémie à Coronavirus. Selon Ericsson, les souscriptions à l’Internet mobile réalisées au cours du dernier trimestre de l’année 2021 ont porté le nombre total desdites souscriptions à 8,2 milliards à travers le monde. En voyant ses connexions mobiles se monter à 24 millions, le 4ème trimestre 2021 a été particulièrement dynamique.

La distribution régionale de cette croissance montre, toujours selon les données de Ericsson, une domination de la Chine, qui a apporté 5 millions de nouvelles souscriptions à l’Internet mobile mondial, devant les Etats Unis d’Amérique (4 millions), et le Pakistan (3 millions). L’Afrique a enregistré durant le 4ème trimestre 2021, toujours selon Ericsson, 5 millions de nouvelles souscriptions à l’Internet mobile, portant ainsi à 1,1 milliard, son volume global de souscriptions à l’Internet mobile.

Principal moteur

En Afrique comme dans le monde, ces nouvelles souscriptions ont fait beaucoup de bien aux taux de pénétration (en pourcentage de la population) de l’Internet mobile. Sur le continent il est désormais de 85%, contre 138% en Europe du Centre et de l’Est (le record mondial) ; 100% en Amérique Latine ; 107% aux Etats Unis d’Amérique ; 124% en Europe de l’Ouest ; 104% au Moyen-Orient.

Sans surprise, le trafic de l’Internet mobile s’est aussi amélioré. Selon Ericsson, il aurait progressé au 4ème trimestre de 2021 de 44% en glissement annuel.

Principal moteur de toutes ces bonnes performances : l’expansion dans les usages de l’Internet mobile. Les usages se sont en effet multipliés tant au plan horizontal (ouverture de nouveaux usages), qu’au plan vertical (croissance des activités liées aux usages habituels). Le Mobile Money par exemple a continué de croître. La GSMA lance d’ailleurs demain 30 mars 2022, son rapport annuel sur l’état de l’industrie du Mobile Money, qui documentera, selon les premières données déjà disponibles, la croissance fulgurante de cette industrie au cours de la dernière décennie.

Selon les spécialistes les plus réputés, si l’industrie de l’Internet mobile se porte aussi bien, c’est en grande partie grâce aux performances-certes contrariées par des facteurs externes-en constante progression d’un «Game Changer» : la 5G. Selon les dernières prévisions d’Ericsson, les réseaux de la 5G ont totalisé 660 millions d’abonnements à travers le monde au dernier trimestre de 2021. Selon la même source, le marché mondial de la 5G devrait compter un peu plus de 1,2 milliard d’abonnements à la fin de l’année 2022. Environ ¾ de ces abonnés (environ 900 millions) seront fournis par la région Asie-Pacifique. Grâce au déploiement massif et progressif de cette technologie, la 5G devrait représenter le quart des connexions mobiles à Internet dans le monde en 2025 selon la GSMA, et plus de deux personnes sur cinq dans le monde vivront dans des zones couvertes par les réseaux de la 5G. Ces derniers devraient dépasser le cap des 4 milliards d’abonnements en 2027, grâce notamment à une adoption progressive de la 5G comme norme technique d’accès à Internet notamment dans les économies développées (Amérique du Nord, Europe, Australie, etc).

Grande Chine

Mêmes tendances observées à la GSMA, mais avec des données différentes. Selon cette source, la 5G représentait 8% des connexions mobiles dans le monde en 2021, et devrait profiter, dans les années à venir, du décrochage tendanciel de la 4G. mais malgré son déclin progressif, la 4G devrait conserver son statut de réseau dominant jusqu’à cet horizon, avec 55% des connexions à l’échelle mondiale. Toujours selon les données de GSMA, la région de la Grande Chine (qui inclut Hong-Kong, Macao et Taïwan) joue et va continuer de jouer un rôle moteur dans l’adoption de cette technologie : cette dernière y représente aujourd’hui 29% (le taux le plus élevé au monde) des connexions mobiles (hors Internet des objets) ; en 2025, les abonnements à partir du réseau de la 5G y représenteront jusqu’à 52% des connexions mobiles. En Afrique, si le taux des connexions mobiles n’a guère cessé de croître ces dernières années, le taux d’adoption de la 5G y reste cependant faible. Selon la GSMA, il est pondéré à 1% des connexions mobiles aujourd’hui. Au milieu de la décennie, il devrait se redresser à 4% : le taux d’adoption le plus faible au monde.

«Stop and Go»

Mais le mouvement est déjà à l’œuvre en Afrique. Et l’industrialisation du continent, qui sera l’un des chantiers majeurs des dirigeants africains au cours de cette décennie, va booster la demande en cette technologie. Logiquement, ces perspectives alimentent déjà la concurrence des opérateurs de télécommunications opérant en Afrique. Et chacun y va de sa stratégie.

Début mars 2022, MTN, leader régional du mobile, annonçait le lancement cette année de son «Réseau Ouvert d’Accès Radio», plus connu sous l’acronyme anglais «OpenRan» (Open Radio Access Network) dans trois de ses marchés africains : Afrique du Sud, Nigeria, Liberia. L’opération avait d’abord été annoncée pour fin 2021 dans toutes les filiales du Groupe en Afrique.

Ce réseau, la OpenRan, qui garantit l’interopérabilité des équipements matériels et des logiciels développés par les différents équipementiers des télécommunications, permet un déploiement de la 5G à des coûts compétitifs : plutôt que de se fournir en package chez le même fabricant, les opérateurs ont ainsi la possibilité d’acheter les composants de leurs Radio Access Network (RAN) chez un fabricant différent. Pour les opérateurs, cette libéralisation offre la possibilité de faire jouer la concurrence à toutes les étapes de la chaîne de fourniture et d’obtenir de meilleurs prix. Elle donne aussi la possibilité de réaliser une architecture technologique plus flexible qui permet de répondre, dans une stratégie de «Stop and Go», aux évolutions de la demande ; d’atteindre une couverture géographique optimale à des conditions technologiques et de coûts compétitives. Par ce choix technologique, MTN entend prendre de vitesse l’ensemble de ses concurrents sur le déploiement de la 5G sur le continent.

Le leader mondial de la 5G, Huawei, n’est pas en reste. Il développe déjà des projets pilotes dans plusieurs pays africains, parmi lesquels la Tunisie, le Sénégal, le Maroc. Reste que le déploiement de la 5G continue de se heurter à des contraintes, notamment réglementaires, comme le constatait, en septembre 2021, la GSMA (qui représente les intérêts des opérateurs de téléphonie mobile dans le monde entier et rassemble plus de 750 opérateurs et plus de 400 entreprises de l’écosystème mobile au sens large) dans son rapport intitulé «Feuilles de route pour l’attribution du spectre 5G : Afrique subsaharienne» (voir ci-dessous).

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