La 6ème limite planétaire totalement franchie

Deux autres sont aussi très proches de leurs seuils d’alerte respectifs, ce qui montre à suffire que l’humanité continue de progresser dans la mauvaise direction.

Selon une nouvelle étude (la troisième du genre) d’une équipe internationale qui évalue pour la première fois toutes les neuf limites planétaires, la sixième limite planétaire, celle relative à l’eau douce, vient d’être officiellement et totalement franchie. Cette limite comporte deux composantes : «l’eau verte», encore appelée «eau invisible» (eau du sol, des plantes, des forêts, etc) ; et «l’eau bleue», encore appelée «eau visible», c’est-à-dire l’eau des rivières, fleuves, océans, etc, que l’on peut prélever pour la consommation. Cette limite avait déjà été partiellement franchie pour sa composante «eau verte» en avril 2022. Elle vient donc d’être franchie totalement, avec le dépassement de sa seconde composante «eau bleue».

Selon l’étude, deux autres limites planétaires sont en passe d’être franchies : l’acidification des océans et la charge de l’atmosphère en aérosols. En plus du dioxyde de carbone (CO2) naturellement présent dans l’atmosphère, les océans doivent désormais absorber des quantités toujours plus grandes de CO2 anthropique, c’est-à-dire le gaz carbonique issu des activités de l’homme. Plus les océans absorbent de CO2, plus leur pH diminue, d’où leur acidification, et moins ils peuvent absorber de CO2. Conséquence, de grandes quantités de CO2, gaz à effet responsable avec d’autres du réchauffement de la planète, sont de plus en plus retenues dans l’atmosphère. En plus de son effet sur le climat, cette acidification des océans a des conséquences catastrophiques pour la biodiversité marine.

Grave menace à la santé publique

L’autre limite en passe de basculer dans le rouge, c’est la présence d’aérosols (particules d’origine naturelle ou liées aux activités humaines) dans l’atmosphère. La pollution aux particules fines, par exemple, est considérée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), comme «la plus grande menace externe pour la santé publique» dans le monde. Si elle n’est pas encore dépassée au plan mondial, cette limite l’est déjà pour certaines régions du monde.

La neuvième et dernière limite, relative à la couche d’ozone, reste loin du seuil d’alerte, les couches d’ozone stratosphériques s’étant rétablis, quoique légèrement, grâce à la coopération internationale.

Ces études internationales qui évaluent régulièrement les processus qui régulent la stabilité et la résilience du système Terre, permettent de faire le point sur l’état des limites planétaires, qui sont des mesures quantitatives des frontières planétaires dans lesquelles l’humanité peut continuer à se développer et à prospérer. Outre les quatre mentionnées plus haut, ces limites planétaires concernent le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, le dérèglement du cycle de l’azote et du phosphore, le changement dans l’utilisation des sols, les pollutions chimiques. Toutes ces cinq limites ont depuis longtemps franchi leurs seuils d’alerte.

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