Electricité: les données du problème africain
C’est désormais une tendance lourde : depuis une vingtaine d’années, les gouvernements africains ont décidé de repartir à l’abordage d’une croissance économique portée par une transformation structurelle positive des économies du continent. Le mouvement s’est certes accéléré vers le milieu de la décennie 2000 à la faveur des réductions de dettes dont certains pays ont bénéficié,…
C’est désormais une tendance lourde : depuis une vingtaine d’années, les gouvernements africains ont décidé de repartir à l’abordage d’une croissance économique portée par une transformation structurelle positive des économies du continent. Le mouvement s’est certes accéléré vers le milieu de la décennie 2000 à la faveur des réductions de dettes dont certains pays ont bénéficié, mais il est objectivé depuis la fin de la décennie 1990.
Pour ces dirigeants, le but de la manœuvre est simple : faire passer les économies africaines de la domination du secteur primaire à celle du secteur secondaire.
Examinez en effet avec attention la plupart des stratégies de développement dont se sont dotés les pays africains depuis cette époque : vous remarquerez qu’elles ont toutes ou presque, quelques dénominateurs communs : industrialisation, croissance et surtout diversification économiques, amélioration de la productivité…Déjà rendue nécessaire par la faible inclusivité de la croissance économique du continent des deux dernières décennies, cette modernisation économique frappée du sceau de l’industrialisation est devenue critique.
Cette criticité s’est d’abord laissée voir et appréhender avec la Covid-19, qui, en confinant le monde entier pendant des mois, a mis à nue l’extrême vulnérabilité économique, sociale, et (dans certains pays) politique, du continent vis-à-vis du commerce extérieur.
En turbo-portant les prix mondiaux de l’énergie et des denrées alimentaires à des sommets historiques, la pandémie puis la guerre en Ukraine ont transformé cette extrême vulnérabilité en facteur de crise.
Impératif d’industrialisation aussi avec l’entrée en vigueur de la Zone de Libre-Echange continentale africaine (ZLECAf), qui, de fait, accroîtra la compétition entre les économies africaines, et profitera, selon les experts, davantage à ceux des pays qui auront pu booster la compétitivité de leurs économies. En quelque sorte, pour chacun des 54 pays du continent, la course contre la montre est bien lancée.
Et pour l’Afrique, comme pour l’Europe voici bientôt deux siècles et demi, le premier nom de l’industrialisation, c’est la richesse et même l’opulence énergétique, et ce en particulier pour l’électricité. L’Afrique devra fournir, de manière impérative, à ses populations, à son secteur productif et à ses services publics, l’énergie électrique dont ils ont besoin pour la soustraire de la rareté matérielle. Comme contribution à cette œuvre, votre magazine «Enjeux Economiques» se mobilise, pour aider à apporter un peu plus de lumière sur les performances actuelles, les enjeux, les défis, les contraintes, mais surtout les opportunités du secteur de l’électricité en Afrique, à travers une série de dossiers et d’articles qui seront régulièrement publiés ici-même.