Cameroun: le gouvernement envisage de modifier le budget de l’Etat de 2022
Ceci après avoir par ailleurs cédé aux revendications de l’industrie meunière au sujet de la hausse du prix du pain.
Au Cameroun, la baguette de pain de 200 g se vend désormais à 150 Fcfa au Cameroun, soit une augmentation de 25 Fcfa. Le sac de farine de blé se vend désormais à 24 000 Fcfa au lieu de 19 000 Fcfa, soit une hausse de 5000 Fcfa. Conséquence de l’intense lobbying mené par les meuniers et les boulangers du pays, qui demandaient ainsi à répercuter sur les prix au consommateur, au moins en partie, la hausse des cours mondiaux du blé, que le pays importe en masse. Après s’y être refusé pendant des semaines, Yaoundé a fini par céder, faute d’alternative crédible.
[arm_restrict_content plan=”3,2,” type=”show”]Dans un deuxième temps, le gouvernement envisage, toujours pour faire face à la crise, de faire revoir la copie de la loi de Finances 2022. Dans son compte rendu de sa concertation avec le gouvernement camerounais le 18 mars 2022, le Groupement Inter-patronal du Cameroun (Gicam)-la plus grande et la plus puissante organisation patronale du pays, révèle qu’ «au regard de la sévérité de la crise (celle provoquée sur l’économie nationale par la hausse des cours mondiaux des biens d’importation, ndlr), un collectif budgétaire est déjà envisagé». «Moins de trois mois après l’adoption de la loi de finances de l’exercice en cours», fait ensuite observer le Gicam. La loi de Finances 2022 avait arrêté le budget de l’Etat du Cameroun à 5752,4 milliards Fcfa. Le gouvernement songerait donc, selon le Gicam, à modifier ce budget (collectif budgétaire), sans doute dans le sens de le réduire, pour tenir compte de la baisse des recettes fiscales et donc des revenus propres de l’Etat. Reste à savoir maintenant dans quelle proportion cette baisse se fera.
Fonds Monétaire International
Globalement, des aménagements notables du texte promulgué par le président de la République devraient concerner le niveau des recettes publiques qui devraient baisser en droite ligne d’une contraction projetée de l’activité ; le niveau des dépenses fiscales, mesure qui pourrait être mise en œuvre pour soulager les entreprises déjà confrontées, dans certaines filières, à une hausse notable de leurs coûts de production ; le volume des subventions à la production, qui devraient aussi augmenter pratiquement pour les mêmes raisons ; le niveau des transferts sociaux qui devraient croître pour soutenir les ménages les plus vulnérables dont le pouvoir d’achat sera très directement impacté par l’inflation importée.
Ces dernières années (2020, 2021), le Cameroun a dû ajuster son budget après son adoption, pour l’aligner aux évolutions de l’économie mondiale jugées majeures par le gouvernement. Les plus récentes modifications du budget ont aussi été dictées par la nécessité pour le gouvernement, de respecter les engagements de gestion macro-économique pris auprès du Fonds Monétaire International (FMI) dans le cadre d’un Programme Economique Triennal conclu en août 2021. Le pays, qui pourrait mobiliser jusqu’à 1000 milliards FCFA de financements indolores (prêt à long terme et à taux zéro), s’était engagé, entre autres, à contenir la progression du déficit public, accentué ces dernières années surtout par les conséquences économiques de la Covid-19. Sous cette contrainte, puisque la dette ne peut pas être mobilisée pour financer le déficit du solde primaire (différence entre les recettes propres et les dépenses hors service de la dette) de l’Etat au-delà d’un certain seuil, mieux vaut réduire l’espace budgétaire.
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