Marchés mondiaux : le pétrole reprend sa marche en avant
Pour la troisième session consécutive, le Brent, la valeur de référence européenne, a ouvert à Londres, le 22 mars dernier, en baisse, à 85,56 USD le baril, perturbé par l’appréciation du dollar américain. En s’ajustant de 0,50% face à l’Euro et à la Livre, le billet vert, devise dans laquelle est facturé l’or noir, a sorti certains acheteurs du marché, et provoqué ce repli momentané. Dès l’amorce de ce recul, le mercredi 20 mars, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powel, avait annoncé un maintien des trois baisses du taux directeur prévus pour cette année, pour relancer la demande américaine et mondiale, et celle de pétrole conséquemment. Le billet vert a certes replié. Mais pas assez pour restaurer la demande d’or noir détruite.
Mais on le voit, cette parenthèse n’a pas pu faire passer les cours du Brent pour livraison en mai 2024, en dessous des 85 USD. Les déterminants de la hausse des prix, à l’œuvre depuis trois mois, demeurent actifs et n’ont guère perdu de vigueur.
De l’excédent au déficit
Fin 2023. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) annonce que l’offre va supplanter la demande sur le marché mondial du pétrole en 2024. Selon l’agence, la morosité économique mondiale annoncée entre autres par le Fonds monétaire international (FMI) devrait contraindre la demande, alors que dans le même temps, l’offre devrait s’améliorer, du fait de la hausse de production dans les pays non-membres de l’OPEP, le puissant cartel pétrolier international. Dans les faits, et selon le pointage de l’AIE, ces prévisions se sont réalisées, l’excédent d’offre ayant été mesuré à 800 mille barils en moyenne journalière durant le mois de février 2024.
Sauf que dans son rapport mensuel sur l’état des marchés mondiaux de l’énergie, l’AIE annonce depuis la mi-mars 2024, que le marché mondial du pétrole va plutôt expérimenter un déficit de l’ordre de 500 mille barils par jour en moyenne durant toute l’année 2024. Selon l’AIE, l’offre mondiale, sous forte influence des politiques de réduction de l’OPEP+, entre autres, devrait seulement s’ajuster de 800 mille barils par jour en 2024, et se tenir à 102,9 millions de barils par jour en moyenne annuelle. Côté demande, la croissance serait finalement de 1,3 million de barils par jour, pour porter les besoins journaliers du marché à 103, 4 millions de barils.
Dans ces conditions, les cours de l’or noir devraient rester obstinément élevés jusqu’à la fin de l’année, et en tout cas au-dessus de la barre des 80 USD le baril pour les contrats à terme à un mois, qu’il s’agisse de l’ICE Brent ou du WTI, la valeur de référence américaine.
Selon l’agence de presse Bloomberg, le baril de Brent devraient s’échanger, en moyenne, à 82,3 USD au premier trimestre 2024, et à 82,5 USD au deuxième. Le Bancassureur ING Global estime et prévoit désormais les cours moyens de l’or noir à 87 USD pour le deuxième trimestre 2024 (contre une précédente prévision de 80 USD), et à 88 USD pour le deuxième trimestre (contre une précédente prévision de 82 USD).
Drones ukrainiens
Ces prévisions sont d’autant plus partagées par la grande majorités d’analystes internationaux que les cours mondiaux sont aidés par deux puissants facteurs conjoncturels : d’une part, la baisse des stocks commerciaux de brut américain de 1,5 million de barils à la fin de la semaine dernière selon le pointage de l’Energy Information Administration américaine, ceci après six semaines consécutives de hausse, et, d’autre part, l’intensification des attaques ukrainiennes sur les raffineries russes, qui auraient effacé, selon J.P Morgan, des capacités de traitement russes de l’ordre de 900 mille barils, et pourraient, toujours selon la même source, ajouter une prime de risque de 4 USD sur le prix de chaque baril de pétrole.
Selon plusieurs média américains, l’administration Biden aurait déjà demandé au gouvernement ukrainien de cesser de cibler les installations énergétiques russes, pour ne pas en rajouter à l’emballement des marchés mondiaux de l’énergie.