Le secteur informel continue d’employer 7 personnes en activité sur 10 au Cameroun
Un préalable de vulgarisation pour démocratiser cette expression, dont la compréhension ne va pas toujours de soi. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le terme «économie informelle» (ou secteur informel), se réfère à «toutes les activités économiques exercées par des travailleurs et des unités économiques qui-en vertu de la législation ou de la pratique-ne sont pas couvertes ou sont insuffisamment couvertes par des dispositions formelles». «Ces activités n’entrent pas dans le champ d’application de la loi, ce qui signifie que ces travailleurs et unités opèrent en marge de la loi ; ou bien ils ne sont pas couverts dans la pratique, ce qui signifie que la loi ne leur est pas appliquée alors même qu’ils opèrent dans le cadre de la loi ; ou bien encore la loi n’est pas respectée parce qu’elle est inadaptée, contraignante ou qu’elle impose des charges excessives», ajoute l’OIT.
De manière plus simple, le secteur informel désigne la partie de l’économie qui est réalisée sans que l’activité fasse l’objet d’un regard ou d’une régulation de l’Etat. Elle n’est donc, selon cette définition générale, ni fiscalisée, ni déclarée, ni normée. En raison de l’extrême précarité dans laquelle l’activité s’y exerce et des conséquences sociales que cette précarité charrie elle-même, la place de ce secteur dans l’offre d’emploi et dans l’économie, entre autres, est particulièrement suivie.
Au Cameroun, selon la 3ème enquête sur l’emploi et le secteur informel réalisée en 2022 et rendue publique fin octobre 2023 par l’Institut national de la Statistique (INS), le secteur informel emploie 86,6% des personnes en activité dans le pays, contre 7,1% pour l’administration publique, 5,1% pour le secteur privé formel, et 1,2% pour les entreprises publiques et les organisations internationales.
Selon la même enquête, la taille de la population en âge de travailler au sens des autorités camerounaises (au sens du Bureau international du travail il s’agit des 15-64 ans), c’est-à-dire les 14 ans ou plus, est de 59,6%, soit 16,3 millions de personnes. Mais il s’agit vraisemblablement d’un résultat obtenu sur la base de la population camerounaise de 2021. Car sur la base de la taille de la population de 2023 pondérée par le Fonds des Nations unies pour la population (plus connu sous son acronyme anglais UNFPA) à 28,6 millions de personnes, le Cameroun compterait, selon les calculs de «Enjeux Economiques», 17 millions de personnes en âge de travailler.
Taux d’emploi
Toujours selon la même enquête, le taux d’emploi, encore appelé ratio emploi/population qui se définit selon l’OIT comme le rapport entre la population ayant un emploi (travail effectué en échange d’une rémunération ou d’un profit) et la population en âge de travailler, serait de 50,8%. Ce qui veut dire, calculette en main, que l’économie camerounaise, dans son ensemble, emploie 8,6 millions de personnes. De ce total, le secteur informel emploi, sur la base des calculs de votre magazine, 7,5 millions de personnes.
En valeur relative, cette performance signe une légère baisse par rapport à 2020, quand le secteur informel employait jusqu’à 90% des actifs du pays. Dans la Stratégie nationale de Développement (SND 30), qui est le cadre de référence de l’action gouvernementale pour la période 2020-2030, le gouvernement s’était engagé à «réduire» la contribution du secteur informel à l’emploi, tout en se gardant, cependant, de définir de valeur-cible (intermédiaire ou finale), qui faciliterait le suivi et l’évaluation par les tiers, de ses performances en la matière.
En 2017 déjà, le gouvernement avait élaboré une Politique nationale de l’Emploi (PNE), dont l’objectif global est de «promouvoir le plein emploi décent au Cameroun, à travers l’élargissement et la valorisation des opportunités de création d’emplois dans l’économie».
«La majorité des personnes en emploi exercent dans le secteur informel (86,6%) notamment dans l’informel agricole, traduisant ainsi les difficultés d’accès à un emploi décent pour tous», assurent aujourd’hui les rapporteurs de la 3ème enquête sur l’emploi et le secteur informel de l’INS.